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# EUROPAN 10 - DUNKERQUE  "(s)Môle town, une ruée vers l'ouest"

 

Le môle 1 est un ancien quai du port autonome de Dunkerque fortement marqué par son passé industriel (terrain entouré de darses, rails pour l’acheminement des marchandises, entrepôts industriels pour le stockage des marchandises…).

 

A ce jour le potentiel de ce lieu, se trouvant à l’articulation du centre ville et du port, n’est pas pleinement exploité : mixité urbaine inexistante (espace de stockage); trame urbaine et système viaire peu structuré (espaces indifférenciés et peu qualifiés en terme d’usage) ; échelle urbaine inappropriée aux usages de la ville contemporaine (gabarits des bâtiments ne permettant pas aux piétons de s’approprier les lieux); un paysage portuaire qui n’est pas mis en valeur.

 

L’enjeu du projet est de proposer une réécriture du tissu urbain existant en intégrant les éléments caractéristiques du site (darses, bâtiments emblématiques, rails…) pour y développer une mixité fonctionnelle (habitat, travails, commerces, services de proximité, équipements) et d’en faire un pôle culturel attractif à l’échelle de la ville.

 

Le projet a pour but de redéfinir un lien entre le centre ville et la partie ouest de celle-ci qui actuellement est dédiée aux activités portuaires.

La première intention du projet est de réutiliser la voie des darses pour hiérarchiser les différents quartiers de la ville. En effet, plus que de créer une extension du centre historique, notre but est de fabriquer une ville polynucléaire reliée par une structure viaire en cohérence, non seulement avec les nouvelles mobilités citadines (tram, vélo, marche…), mais aussi avec les nouveaux usages de la ville contemporaine (la ville n’est plus uniquement un lieu d’habitation ou de travail mais aussi un lieu de détente et d’ouverture culturelle). Pour ces raisons la voie des darses offre une opportunité unique : son parcours, longeant le môle 1, permet de relier aisément la ville d’est en ouest ; sa dimension, permet de juxtaposer différents modes de déplacements (chaussée pour la circulation automobile, trottoirs pour les piétons, pistes cyclables et ligne de tram); le tissu urbain alentour, qui offre une alternance de bâtiments et de points de vues sur le paysage urbain. D’autre part, la morphologie du terrain nous impose de repenser le rapport que notre site a avec l’eau et notamment la reconversion d’un port industriel (structure et échelle peu adaptée à l’homme) en port de plaisance.

 

Nous avons cherché à retrouver un rapport plus fort entre l’espace pratiqué du môle et la surface de l’eau (le terrain est situé à 1,50m au dessus du niveau constant bassin à flot). Pour ce faire, en parallèle de l’élaboration de la passerelle piétonne reliant le môle à la Citadelle, nous avons créé différentes altimétries de pontons pour faciliter l’accès aux bateaux, permettre d’établir une hiérarchie entre les faces de la presqu’île (mise en place de diverses ambiances) et proposer des cheminements piétons variés à l’intérieur du môle. L’accent a aussi été porté sur la mise en relation des ces pontons avec différents espaces publics pour créer une multitude des séquences d’approche au site.

L’une des caractéristiques de ce projet est de valoriser le patrimoine industriel existant en réutilisant les rails du site. En effet ce marquage au sol permet à lui seul de structurer et de stratifier le môle tout en le reliant au reste de la ville. Le plan masse dans son implantation cherche à disposer les bâtiments entre les rails sans les détériorer.

 

Dans cette recherche de conserver le patrimoine existant du site, nous avons tenté d’utiliser les rails pour créer différents revêtements de sol afin de signaler les zones de circulations (circulation piétonne, vélo, accès pour livraison des équipements…) des places publics.

 

Nous avons aussi cherché à réutiliser ces rails pour faire évoluer le site dans le temps et dans son organisation générale en utilisant des wagons de train posés sur ces rails, qui servirait par exemple d’espaces d’expositions temporaires, de salle de représentation, de logement pour les artistes. Ces wagons pourraient être déplacés selon les besoins fonctionnels du site.

Nappe urbaine

Développer un tissu urbain en cohérence avec la morphologie de la ville de Dunkerque permettra de réintroduire la vie citadine à l’intérieur du môle 1. Pour ce faire nous avons choisi de travailler sur une stratification longitudinale de la presqu’île, en découpant plusieurs bandes de bâti, calées non seulement sur la trame bâtie existante du site (hangars, halle aux sucres prochainement restaurée, Kalmar-Jokelson) ainsi que sur le tracé des rails. Nous avons travaillé sur les intervalles bâtis et sur le gabarit des bâtiments pour engendrer différentes tailles d’espaces publics permettant de distinguer les espaces accessibles à tous. Nous avons créé trois axes qui permettent de relier visuellement et physiquement, la voie des darses à la pointe nord du môle 1 ainsi que des "intérieurs d’îlots", plus appropriables par les habitants des futurs immeubles alentours.

 

Points de repères

La ville de Dunkerque possède plusieurs bâtiments qui se détachent dans leur contexte par leurs positions ou par leurs gabarits hors normes. Nous pouvons ainsi distinguer le beffroi, l’église Sainte-Eloi, les bâtiments de l’université et de la Citadelle, le phare de Risban, le bâtiment de la Communauté Urbaine de Dunkerque, la halle aux sucres (espace qui sera dédié à la thématique de la ville en accueillant par exemple le Centre des archives et de la mémoire urbaine d’agglomération, l’ENACT, l’AGUR ou bien encore l’Ecole d’Architecture et du Paysage de Lille) ou bien même le Kalmar-Jokelson,anciens ateliers désaffectés, actuellement utilisé comme salle de concert. Le parti prit du projet est de créer un équipement « phare » permettant de ponctuer le paysage urbain en offrant un nouveau point de repère perceptible depuis la terre et depuis la mer. Son positionnement sur le môle 1 (extrémité nord de la presqu’île) résulte de la volonté de donner une nouvelle image forte en front de mer pour montrer la réappropriation des ces anciennes friches industrielles par la ville de Dunkerque.

 

Le projet devient ainsi la figure de prou de l’évolution fonctionnelle du môle 1, abandonnant son caractère périphérique au centre pour devenir le nouveau centre multi artistique de la ville. Par son implantation, le projet « Fructose » cherche a se mettre en relation directe avec la « halle aux sucres », qui est à ce jour le bâtiment emblématique de ce môle. Ce rapprochement permet de générer de nouveaux espaces publics communs au deux équipements et une plus grande lisibilité du point de vu urbain. En effet, ces deux programmes tournés principalement vers le centre ville et par conséquent sur l’ensemble de l’agglomération, cherche à faire émerger une nouvelle conception de la ville tant au niveau urbain, architecturale et culturel. Nous avons choisi de conserver le Kalmar-Jokelson, à l’entrée sud-ouest du môle, car il est déjà à ce jour générateur d’espace urbain. De la même manière nous avons positionné un silo de parking à l’entrée immédiate du môle pour signifier clairement la mise en place de modes de déplacement doux.

 

La juxtaposition de la nappe urbaine et de ces points de repères (halle aux sucres, projet fructose, Kalmar-Jokelson) ne peut se faire qu’au regard d’un travail précis sur les espaces publics et notamment sur les espaces interstitiels. En effet nous avons cherché à créer une relation forte entre les différents programmes en utilisant diverses liaisons transversales lancées depuis les pontons du port de plaisance. Nous avons apposé une trame de cheminements secondaires engendrés par les bâtiments phares du môle 1.

Espace(s) public(s)

L’une des données initiale du projet était de réaliser un espace public qui, dès le départ, devait structurer et permettre de faire évoluer le quartier. Cet espace outre son rôle de parvis devait aussi servir de promenade, donner accès aux équipements et permettre le déroulement de manifestations. Pour répondre au mieux à ces problématiques, nous avons choisi de multiplier les espaces publiques en dissociant les diverses fonctionnalités. Nous avons ainsi structuré notre plan masse autour de la notion de déambulation; le projet offre une multitude de parcours liés à l'eau: les pontons.

 

Trame verte

En parallèle de la mise en place des espaces publics nous apportons au site une trame verte qui permet de mettre un peu plus en relief les différents lieux et bâtiment du môle 1. Les promenades le long des quais sont ainsi plantées, les axes majeurs de la composition sont agrémentés d’arbres et un square est positionné à l’entrée du site pour offrir une respiration avant de pénétrer dans le môle 1. Des parties du terrain ont aussi été engazonnées pour atténuer la minéralité de la presqu’île.

Halle d'exposition fructose

le projet Fructose se veut être une grande halle d’exposition, icône du renouvellement urbain de Dunkerque et son port. Mais pas seulement. ainsi cette halle n’est que la partie basse d’un système d’habitat généré par des usages spécifiques.

 

S’agissant de développer une activité artistique au sein de ce qui fut auparavant un lieu important de l’activité portuaire industrielle franco européenne, cette activité est celle que peuvent avoir des artistes en résidence dans un port reconquit par sa ville. nous considérerons la figure type de la halle, par essence polyvalente, comme à même de définir un lieu ancré, par inscription cognitive, dans l’inconscient collectif.

 

Cette halle fonctionne avec un grand parvis dégagé, minéral et végétal, fonctionnant en complémentarité entre le nouveau port de plaisance et la halle au sucre rénovée. Nous avons voulu rendre très claire la relation entre les constituantes du projet fructose et en faire la constituante iconique d’un processus urbain en cours de définition. Aussi le réemploi du môle en tant que lieu de création et d’habitat se doit de proposer à des artistes un lieu propice à la réflexion et à l’imaginaire. Ce sera la halle fructose.

 

Le toit de la halle se déforme comme étiré sous l’action d’une quelconque force intérieure imperceptible vers les hauteurs. De ces quasi-tentacules que l’on pourrait métaphoriquement comparer à ceux d’un kraken attaquant le port apparaît l’organigramme hiérarchique: les volumes ainsi apparus compartimentent un système alvéolaire attribuant en alternance des doubles hauteurs à l’usage de salles d’exposition placées aux contact de coursives et des niveaux de logements pour les résidents. Depuis le rez de chaussée d’exposition, large espace clair et facile à scénographier, s’implantent des tours circulées. Permettant d’accéder aux coursives, ces tours sont disposées de manière à desservir harmonieusement les tours de logements via les coursives, depuis les secteurs de la halle qui fonctionnent donc en complémentarité. Les salles intercalées aux étages sont destinées à accueillir des salles polyvalentes, des ateliers d’artistes, mais peuvent accueillir également des lieux d’exposition en marge de ceux exposés au public.

 

On peut extrapoler ici que par ce système de coursives ont peut organiser des parcours de tourisme au sein même de l’équipement fructose devenu à l’occasion d’un événementiel une petite cité que l’on visite dans des parcours aménagés entre les salles situées au long du parcours. Ce sera l’occasion pour les touristes de se retrouver au contact des œuvres exposées là où elles sont créés et non dans la halle, elle plus animée.

 

Ainsi, la halle fructose devient un pôle attractif dans la ville. Son statut est conforté par sa forme intrigante au sein du skyline Dunkerquois. Des installations portuaires sont conservés l’imaginaire industriel fait de lieux mystérieux, non véritablement menaçant, le projet fructose hisse sa silhouette comme l’épicentre d’une mutation en cours, il s’inscrit comme écho du passé industriel et comme synonyme d’une nouvelle orientation politique et surtout culturelle le long de la mer du nord.

 

Avec: VICTOR DE ALMEIDA // Année: 2010 // Projet: Esquisse Urbaine + Équipement Culturel // Pour: EUROPAN 10 // À: Dunkerque _ France // Surface: ~ 70.000 m² // Prix: X

// Statut: Concours